Carte blanche à Maniola Camuset-Trebicka

Dimanche 9 juin – 17h00

Maniola Camuset-Trebicka, piano

Récital de piano romantique
Souvenirs d’un voyage de l’Albanie à l’Amérique latine qui s’est prolongé un peu, beaucoup… passionnément en Europe occidentale…

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Le voyage commence en Albanie, une occasion unique de découvrir un peu la musique albanaise, très mal connue en Europe occidentale. Tonin Harapi (1926-1992), comme beaucoup de compositeurs d’Europe centrale ou de l’est, est resté fidèle à des modes d’expression hérités du XIXe siècle, de sorte que ses pièces brèves pour piano évoquent tout un monde déjà lointain de salons musicaux romantiques. Këngë (Chanson), Valle – Vals (Danse-Valse), Romance en la mineur, Vals (Valse), Romance en la bémol majeur, Vallja e xhuxhave (Danse des lutins), Valle – Skerco (Danse- Scherzo) sont toutes des pièces descriptives, brillantes ou d’élégants morceaux à danser, mélodieuses et d’une agréable facture.

Avec Franz Schubert (1797-1828), on est au cœur du romantisme autrichien. Les Impromptus sont des pièces d’inspiration et de forme libre. L’Impromptu op.90 n°2 (1827) est une pièce très mélodieuse et fluide, avec un épisode central plus sombre. Schubert s’y montre proche de Chopin, dont il ignorait probablement tout.

Si Schubert illustre les débuts du romantisme, le compositeur et virtuose allemand Moritz Moszkowski (1854-1925) appartient à une génération plus tardive qui a su mêler les apports du classicisme et du romantisme. Pianiste virtuose, il a multiplié les pièces de haute voltige comme l’Étude op.72 n°2, tirée des Quinze Études « per aspera », allusion au proverbe latin Per aspera ad astra (A travers les difficultés jusqu’aux étoiles). Une pièce forcément scintillante !

Les quatre Ballades de Frédéric Chopin (1810-1849) sont des pièces d’assez vastes dimensions, évoquant les climats épiques du poète polonais Adam Mickiewicz. La Ballade n°1 en sol mineur, op. 23 (1835), composée peu après que Chopin eut quitté la Pologne pour s’installer à Paris. Chopin avoua un jour à Schumann que c’était son œuvre préférée.

La musique de Claude Debussy (1862-1918) est souvent associée à l’impressionnisme mais dans ses œuvres de jeunesse, il avait su imaginer un monde sonore très nouveau, expressif et même parfois romantique mais surtout d’un très grand raffinement, comme dans son élégante Première Arabesque (1888) et, plus encore, dans le fameux Clair de lune, tiré de la Suite bergamasque (1890), inspirée par l’atmosphère du recueil de poèmes de Verlaine, Fêtes galantes.

Le compositeur américain Louis Moreau Gottschalk (1829-1869) fut lui aussi un concertiste de premier plan, qui connut de grands succès en France. Sa musique est brillante, parfois un brin humoristique, avec des traces de musiques populaires des nombreux pays qu’il visitait dans ses tournées au cours desquelles il programmait ses propres compositions. Nous entendrons un ensemble de pages étincelantes autant que pittoresques : The Maiden’s Blush  (Le Sourire d’une jeune fille – grande valse de concert, op.106), Le Bananier, op. 5, Pasquinade (Caprice), op. 59, Souvenirs d’Andalousie, op.22, Grand scherzo de concert, op.57.

Jacques Bonnaure, professeur agrégé de lettres, critique musical.
Collaborateur à La Lettre du musicien, Opéra Magazine et Classica.