Monologues, dialogues et concert romantiques

Samedi 1 juin – 18h30

François Pineau-Benois1, violon
Aurélienne Brauner2, violoncelle
Lorène de Ratuld3, piano

Musique de chambre
Évocations de l’Amour…

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Niccolo Paganini (1782-1840)
Deux Caprices pour violon seul, op.1
Paganini fut en son temps considéré comme un prodige, inventant de nouvelles techniques qui étendaient le champ de la virtuosité. Mais on aurait tort de le considérer comme un simple prestidigitateur. Être 1802 et 1817, il composa 24 Caprices pour violon seul qui sont comme le bréviaire de l’instrument, à la charnière du classicisme et du romantisme mais qui furent longtemps jugés injouables. Certains sont en effet d’une exubérance électrique, alors que d’autres, comme le n°21 en la majeur (dit « amoroso » – tout un programme), offrent une mélodie très expressive.

Fritz Kreisler (1875-1962)
Liebesleid et Liebesfreud, pour violon et piano
Kreisler fut avant tout l’un des très grands violonistes de son temps, comme le prouvent les nombreux enregistrements qu’il a laissés. Mais, par amusement ou pour se fournir en morceaux de charme à jouer en bis, il composa de nombreuses pièces brèves, parfois très « romantiques », parfois pleines d’esprit, allant jusqu’à fabriquer des faux attribués à des compositeurs du passé. Liebesleid (Chagrin d’amour) et Liebesfreud (Joie d’Amour) sont deux pièces jumelles, au ton forcément contrastés.

Johan Halvorsen (1864-1935)
Passacaille pour violon et violoncelle, d’après Haendel, op.20 n°2
De Johan Halvorsen, compositeur et chef d’orchestre norvégien, on ne connaît plus guère que sa Passacaille (la Passacaille est à l’origine une danse espagnole, devenue une des formes favorites de la musique baroque. Elle consiste en une suite de variations sur un thème énoncé à la basse et indéfiniment répété. Ici, Halvorsen récrit à sa manière, plus romantique que baroque (nous sommes en 1893), une Passacaille pour clavecin de Haendel. La version originale était conçue pour violon et alto mais il en existe plusieurs transcriptions.

Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
Trio élégiaque N°1 pour piano, violon et violoncelle en sol mineur
Ce Trio pour piano, violon et violoncelle est l’œuvre d’un jeune compositeur de 18 ans, encore marqué par le romantisme, qui devait devenir bientôt l’un des tout premiers pianistes de son temps et l’un des compositeurs les plus célèbres du XXe siècle. Il ne comprend qu’un seul mouvement, assez développé. Son caractère « élégiaque » s’explique aisément dès le début, marqué par le thème (lento lugubre) énoncé par le piano. Par la suite, le discours musical se diversifiera avant de conclure de manière encore lugubre, sur une marche funèbre.

Piotr Tchaikovski (1840-1893)
Souvenirs d’un lieu cher, pour violon et piano op.42.
Le romantisme musical, et tout particulièrement en Russie a souvent associé la musique à des situations poétiques ou des états d’âme nostalgiques. Le lieu cher est la splendide propriété de Nadejda von Meck, mécène du compositeur qui y avait séjourné en 1878. L’œuvre comprend trois parties : Méditation, Scherzo* et Mélodie, dont nous entendrons les deux dernières.
*Un Scherzo est une pièce vive, de caractère parfois léger voire humoristique.

Richard Wagner (1813-1883) – Franz Liszt (1811-1886)
Tristan & Isolde « La mort d’Isolde », arrangement pour trio
La transcription d’airs d’opéras fut, au XIXe siècle, une manière de faire connaître à un large public des ouvrages scéniques que l’on n’avait pas toujours l’occasion de découvrir sur la scène. Franz Liszt excella dans ce genre, faisant de ces transcriptions de véritables poèmes pour piano, d’une grande difficulté d’exécution. Parmi les dizaines d’arrangements qu’il réalisa, la Mort d’Isolde, scène finale de Tristan et Isolde de Richard Wagner (1865), est l’une des plus célèbres. Dans l’opéra, Tristan vient de mourir et Isolde chante une sublime déploration sur son cadavre avant de mourir elle-même dans une extase amoureuse.
Comme souvent, l’original suscita diverses transcriptions, notamment pour trio.

Franz Liszt (1811-1886)
Consolation n°4 (transcription pour piano, violon et violoncelle)
Liszt connaissait bien Chopin avec qui il s’était lié d’amitié, bien que leurs tempéraments fussent très différents. Les Consolations, au nombre de six sont, à l’origine, des pièces pour piano de caractère nostalgique et mélodique, composées entre 1844 et 1849 dans le goût des Nocturnes de Chopin. La Consolation n°4 (Quasi Adagio) est une page lente, très mélodique et de caractère très méditatif. A consommer sans modération par ceux (et celles) qu’affectent un Chagrin d’amour…

Jacques Bonnaure, professeur agrégé de lettres, critique musical.
Collaborateur à La Lettre du musicien, Opéra Magazine et Classica.

Crédits photographiques
1. Laurent Bugnet
2. Julien Benhammou
3. L’Oiseleur