Samedi 31 mai 2025 – 18h30

Aurélienne Brauner, violoncelle
Lorène de Ratuld, piano
Musique de chambre
Le répertoire romantique pour violoncelle et piano comprend de grandes sonates mais aussi de très nombreuses pièces brèves où les interprètes peuvent tour à tour montrer leur virtuosité et leur expressivité.
Robert Schumann (1810-1856)
Cinq pièces dans le style populaire opus 102
Gabriel Fauré (1845-1924)
Romance opus 69
Papillon opus 77
Fanny Mendelssohn – Hensel (1805-1847)
Fantaisie en sol mineur
Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
Morceaux de fantaisie opus 3 n°1 : Elégie
Danse orientale opus 2 n°2
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Robert Schumann (1810-1856)
Cinq pièces dans le style populaire, opus 102 (17′)
Ce cycle date d’une époque agitée de l’histoire de l’Allemagne. Le printemps 1849 fut marqué par d’importants mouvements révolutionnaires, mais le compositeur travaillait à la campagne loin de cette agitation. Le cycle fut créé l’année suivante à Leipzig par le violoncelliste Andreas Grabau et Clara Schumann au piano. Pour Schumann, l’écriture pour piano et un instrument à cordes était nouvelle et il adopta un style familier, dans le genre fréquent en Allemagne, de la Hausmusik, la musique que l’on peut jouer à la maison dans l’intimité familiale ou amicale. Le style populaire consiste à styliser des danses rustiques (l’époque était à la redécouverte du folklore authentique).
1- « Vanitas vanitatum » (Avec humour). Cette première pièce est plus campagnarde que nature avec des rythmes un peu lourd et une section centrale où l’on croit entendre une vielle à roue.
2- « Lentement ». ici, au contraire, la musique se fait tendre, dans le caractère d’une berceuse.
3- « Pas vite, à jouer avec beaucoup de sonorité ». Schumann semble évoquer le ton légendaire des ballades populaires, avec de curieux effets rythmiques au piano.
4- « Pas trop vite ». Une marche amusante. Schumann est familier de cet esprit humoristique un peu enfantin.
5- « Fort et marqué ». Pour clore le cycle, une pièce brillante, assez virtuose, pleine d’élan et de puissance.
Gabriel Fauré (1845-1924)
Romance, op.69 (3’30) et Papillon, op.77 (3′)
Sur ses vieux jours, Fauré composa deux importantes sonates pour violoncelle et piano mais auparavant, il avait confié à ce duo de charmantes pièces brèves. Papillon date de 1884. C’est une sorte de mouvement perpétuel interrompu par des effusions un peu sentimentales, le tout plein de charme On raconte que Fauré ne tenait pas plus que cela à ce titre « figuratif », voyant dans son morceau, une page de musique pure non descriptive. La Romance en la majeur (1894) fut d’abord conçue pour violoncelle et orgue. Comme on l’imagine, elle offre à l’auditeur un moment de pur bonheur mélodique, un rien sentimental mais sans facilité.
Fanny Mendelssohn-Hensel (1805-1847)
Fantaisie en sol mineur (7′)
La sœur aînée de Felix Mendelssohn était une compositrice extrêmement douée, injustement reléguée au second plan comme beaucoup de ses consœurs. On la redécouvre aujourd’hui. Cette Fantaisie de 1829, que l’on peut lire comme une sonate en réduction, s’ouvre sur un mouvement lent particulièrement mélodieux et émouvant (Andante doloroso), suivi d’un bref Prestissimo plein d’élan. Et après un retour mélancolique de l’Andante, la pièce s’achève sur une note plus positive (Allegro molto moderato).
Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
Morceau de fantaisie op.3 n°1 : Elégie (5′)
En 1892, le jeune Rachmaninov, âgé de vingt-et-un ans, publie les premières pièces pour piano qu’il juge dignes d’être diffusées : Cinq Morceaux de fantaisie op.3 (Elégie, Prélude, Mélodie, Polichinelle, Sérénade). Le Prélude en ut dièse mineur connaîtra une renommée foudroyante à travers le monde entier. Quant à l’Elégie qui ouvre le recueil a surtout fait carrière sous la forme d’une transcription pour violoncelle et piano. Il est vrai que le caractère mélodique du morceau se prêtait bien à une telle transformation qui en souligne le lyrisme sentimental et en fait un idéal morceau de salon. On en trouve d’autres beaux exemples dans la musique post-romantique (chez Saint-Saëns, Fauré, Massenet ou Tchaïkovski), et elle désigne surtout, à cette époque, un morceau de caractère cantabile fondé, chez Rachmaninov, sur un pathétique effet de crescendo.
La Danse orientale (6′) est bien antérieure (1892). Ici, le jeune Rachmaninov a composé une pièce de genre, en trois sections (lent-vif-lent), fondée sur une image charmante et un peu conventionnelle de la sensualité orientale, lascive ou déchaînée, qui fascinait alors les musiciens russes.
Jacques Bonnaure, ex-professeur agrégé de lettres, critique musical.
Collaborateur à Diapason, auparavant à La Lettre du musicien,
Opéra Magazine et Classica.
Remerciements à Romain Bourdon-Joliclercq, accordeur de piano diplômé de l’Institut National des Jeunes Aveugles à Paris (2015), pour son travail bénévole de préparation des pianos.
Crédit photographique
Alain Houradou