Claude Montal
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Né dans la famille d’un sellier de Lapalisse, Claude Montal (1800-1865) perdit la vue durant sa jeune enfance.
Dans sa première biographie, écrite en 1845, Joseph Guadet nous le représente comme un excellent élève, déjà bien doué pour le calcul, aidant son père dans sa comptabilité, mais aussi doté d’une inclination particulière pour la musique. Il se fabrique un violon et fait si bien l’admiration d’un maître de poste que ce dernier lui en offre un « vrai ».
Sa mère connaissait l’existence de « l’École des aveugles de Paris » et, en trichant un peu, car il avait dépassé la limite d’âge, l’y fit admettre en 1817. Très rapidement, l’adolescent devint répétiteur de diverses matières. Il n’échappait cependant pas aux exigeantes règles éducatives de l’école, aux études et à l’exécution musicales ainsi qu’aux métiers de la confection manuelle, ce qui était bien préférable à la mendicité à laquelle la plupart des aveugles de la classe laborieuse étaient réduits.
Habile sur plusieurs instruments, il remplaça à l’occasion un accordeur de pianos, voyant mais négligent, et répara aussi l’orgue de l’institution.
En 1830, soucieux de voler de ses propres ailes, il quitta l’école pour s’établir accordeur. C’était là un geste audacieux car, malgré les convictions de quelques hommes inspirés par l’œuvre de Valentin Haüy, fondateur de la première école spécialisée, la société de l’époque imaginait difficilement qu’un aveugle fût autre chose qu’un pauvre hère assisté.
En 1831, Claude Montal vivait dans la plus grande misère. La cécité était le principal obstacle de son entreprise ; un accordeur de piano, aveugle, ne pouvait évidement mériter une quelconque confiance… Il survécut grâce au Bureau de charité du XIe arrondissement et de rares cours dispensés pour 10 sous.
Par chance, il parvint à intéresser à son projet Adolphe Laurent, professeur au Conservatoire qui le présenta à Pierre Zimmerman et Jean-Louis Adam, deux des pianistes et pédagogues les plus en vue de l’époque et le voilà accordeur agréé au Conservatoire. Très vite, il organisa un cours d’accord de piano pour les connaisseurs et, en 1834, publia un Abrégé de l’Art d’accorder soi-même son piano, qui, dans sa version augmentée de 1836, devint le premier Traité complet de l’accord du piano. Fort du succès rencontré, il créa la même année à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles la première classe « d’accord-facture ».
Il possédait déjà un petit atelier de réparation d’instruments, fort actif en ce temps où la vie pianistique se développait prodigieusement. C’est donc tout naturellement qu’il en vint à fabriquer ses propres pianos. Lors de l’Exposition Industrielle de 1839, il en avait déjà produit 171, brevetant en une dizaine d’années de nombreuses innovations techniques.
Marié et père de famille, il était maintenant devenu un acteur important de cette utopie à laquelle crut tant le XIXe siècle, le progrès conjoint des Arts et de l’Industrie. Il obtint onze médailles auprès des plus hautes instances : Académie de l’Industrie, Société d’Encouragements pour l’Industrie Nationale, Société Libre des Beaux-arts, Athénée des Arts, Expositions industrielles et Expositions Universelles. En 1851, le Prince-Président lui remit personnellement la Légion d’Honneur. Il fut le fournisseur officiel de l’Empereur et l’Impératrice des Français, de l’Empereur du Brésil et du Roi de Hanovre. Il mourut à Paris en 1865.
Jacques Bonnaure, professeur de lettres
Thierry Géroux, directeur de la Commémoration nationale Claude Montal, VIP-2015
La Commémoration nationale « Claude Montal, VIP-2015 » a été conduite par l’Atelier d’Euterpe, évènement initié et dirigé par Thierry Géroux. Elle a proposé en France et à l’étranger un hommage à la vie et l’œuvre de cet aveugle remarquable, camarade de Louis Braille à l’Institution royale des Jeunes Aveugles de Paris, entre 1818 et 1829 : http://www.commemoration-claude-montal.fr/
Temps forts en image : Hommage à l’INJA à Paris, Expositions, Revue 2015-2016 ou encore…